Exposé ainsi, je pense que j’ai grandement besoin de solitude, de vacances et de voyages, voire d’un ébat bien rude et d’un double sec sur la plage.


Je ne comprends pas bien les gens qui créent du lien avec leurs voisins. Attention, si j’entends le mien fracasser la tête de sa femme un jour, bien évidemment, je vais appeller les secours.
Ce que j’entends par créer du lien, c’est s’obliger à établir un contact humain, alors que j’ai déjà du mal à gérer ma petite personne en vrac. Donc, m’occuper des petits problèmes de Jean-Marc, de sa pénurie de farine, de réceptionner son colis Fnac, dans l’idée, ça me pique hautement les narines.
Je suis sociable de temps en temps, et polie manifestement, mais oubliez mon numéro de logis pour tous vos petits soucis, le voisinage et les bavardages dans les cages d’escalier, je trouve ça chiant à crever.
Déjà qu’on ne choisit pas sa famille (hommage à toi mon oncle mythomane), ses collègues (hommage à toi grand absent que je remplace pour cause de réunion syndicale), ses amis (hommage à toi Fanny et à ton mec pervers narcissique infâme), on ne choisit pas non plus ses voisins, et croyez-moi, les miens actuellement, c’est pas du tout ma came.
Diantre, on ne choisit donc personne de son entourage ? Pas même ses pauvres plans cul censés nous donner du bien et dont la plupart nous laissent déçus en faisant de nos nuits de sombres naufrages. Titanic et pas Titouan la nique. Dommage. Soit dit en passant, crier un prénom pareil m’empêcherait de monter au septième ciel.
Exposé ainsi, je pense que j’ai grandement besoin de solitude, de vacances et de voyages, voire d’un ébat bien rude et d’un double sec sur la plage.
Mais vraiment, les voisins, c’est un peu la plaie sans fin.
En ce moment même, j’écris tranquillement avec de la musique, car mon camarade de l’appartement du dessus est en train de faire tomber l’équivalent du mur de Berlin en parpaings pour retaper sa vieille salle de bains. Certes, il a eu la délicatesse de prévenir que toutes ses joyeuseries auditives ne dureraient environ qu’un mois et demi. Sans les dimanches, c’est toujours ça de pris. Je te conchie.
Peut-être est-ce moi qui n’ai jamais eu de chance, mais dans la balance, je penche plutôt pour l’idée qu’il en resterait assez peu à sauver en cas d’avalanche de planchers.
Personnellement, je ne suis jamais tombée sur un voisin de palier sexy comme la braise qui m’a invité à regarder le sol de plus près dans une folle partie de baise. (Emily in Paris, merci de me filer des tips.)
Les miens sont généralement peu à mon goût, pas sympas pour deux sous, font la gueule 17 secondes sur 15 de connexion visuelle par jour, n’entendent pas tes bonjours, à moins que tu rajoutes le mot connard pour la route et là sans doute entendras-tu sa voix de Pablo Escobar résonner dans l’écho du couloir. Je vous jure, ça marche.
J’ai eu beaucoup de voisins et sachez que même si j’ai beaucoup déménagé, je ne pensais pas qu’il puisse en exister autant de sortes derrière ma porte. Seule certitude, ils ressemblent tous à celle de l'entrée : grosse envie de les claquer.
Il y a celui qui crache, que ce soit dans sa douche en huit octaves affirmés façon Mariah Carey, dans une toux crasse (plaisir d’offrir à un public écoeuré) ou sur la rampe d’escalier car, il n’a sans doute pas compris qu’une rampe c’est pour y poser sa main, pas des glaviaux endimanchés d’une soirée de la veille par un reste de vin. Si vous vous posez la question, effectivement, j’ai déjà fait demi-tour pour nettoyer la mienne avec du sopalin.
Tu as celui qui joue du violon et sans jugement, je ne sais pas me servir d’un manche (enfin d’un de ceux dont ne s’échappe que des notes de musique, vos jouissances sont clairement moins harmonieuses), mais sans jugement vraiment (enfin si, quand même), j’ai le sentiment qu’il n’a pas progressé depuis deux ans. Est-ce qu’on ne se mettrait pas au piano ? Ou mieux, aux jeux de plateau ?
Il y a ceux qui écoutent leur télé bien trop fort, ceux qui se prennent pour des ténors devant des programmes qui te donneraient envie de te donner la mort. Il y a ceux qui ne rentrent que le week-end et tu es clairement au courant, car ils passent 48 heures à ken. Il y a celui qui cuisine à tout heure de la friture dont l’odeur semble s’incruster dans tous les pores de tes murs. Il y a ceux qui hurlent continuellement sur leurs enfants à croire qu’ils ont été conçus par amour des allocations logements. Il y a ceux qui organisent dans un trop grand sourire des apéros entre voisins à qui j’ai envie de dire d’aller se faire cuire le bas des reins. Je ne sais pas mentir aussi, je préfère fuir que de devoir m’imposer une soirée qui m’inspire autant que la baguette disparue d’un magicien. Je préfère mon date adopte munis de deux, trois capotes. Ça, ça m’enchante bien. Un spectacle où j’en prends plein les yeux et plein les seins. En plus, s’ils sont tous dans la cour, je peux faire autant de bruit que ça ne réveillerait pas même un sourd. Continuez toute la nuit, mes grincements de lits vous diront merci.
Je ne dois pas être parfaite, certes, il est vrai que je mets souvent de la musique à haut volume pour ne pas entendre vos voix stridentes et vos playlists merdiques à se coincer la tête dans une enclume. J’essaie de contrebalancer avec ceux qui chantent comme des pieds ou fracassent leurs assiettes sur le parquet. (Flûte, ce pointe de Hongrie si joli, qu’est-ce qu’on gâche quand on est riche, ça va que la nouvelle collection de Maisons du Monde sort demain, la porcelaine n'a plus de dégaine.)
Bref, je ne veux rien savoir. Tant qu'il n'y a pas la vie de quelqu'un en danger, merci de ne me tenir au courant de rien. Vos distances sont les bienvenues, la politesse bienséante, bien entendu. Je veux bien tenir des portes, saluer, sourire, mais pas plus. Exception faite si tu habites en dessous, que tu es à mon goût, plutôt bien membré, n'hésite pas, frappe, j'ai bien envie de me faire sonner.