Si tu me croises au détour d’une rue, parle-moi de la tienne. Elle me dira un peu de qui tu es et de ce que tu aimes. Tu veux connaître la mienne ? Allez viens, je t’emmène.


À chacun la sienne même si on est plusieurs à partager la même. Pourtant, on la regarde sûrement tous différemment. Tout dépend de ce qu’on y fait, de ce qu’on y cherche et de ce qu’on y laisse. À la manière des feuilles mortes qui traînent et se laissent égarer par le vent, mes pas gardent en mémoire tout ce que ma rue me raconte au fil du temps. Et si dehors, je suis muette comme une tombe dans le bruit des moteurs qui passent en trombe, la musique à l’oreille, l’âme de ma rue veille et à la lumière des phares, je parle avec elle.
Vous, je ne sais pas, mais moi, je ne m’attache pas tant que ça aux endroits. J’aime passer et j’ai toujours appris à m’en aller. Quitter les maisons, les appartements, les villes, les pays, les gens. Je dis rarement, je me sens chez moi. Pas l’habitude de vouloir rester, l’habit rude à porter de toujours partir. Et si l’inconnu ne me fait pas peur, créer du familier me met du baume à l’intérieur. Ça me repose, me donne le goût de la prose. Je pourrais quitter ma rue demain, mais aujourd’hui comme l’étreinte d’un proche, elle me fait du bien.
Si tu me croises au détour d’une rue, parle-moi de la tienne. Elle me dira un peu de qui tu es et de ce que tu aimes.
Tu veux connaître la mienne ? Allez viens, je t’emmène.
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